lundi 7 avril 2014

Des pistes pour un usage plus pertinent des médicaments…





Le constat est simple : la consommation française en médicaments est supérieure de 22% à la moyenne européenne ; concernant les psychotropes, cette consommation est presque 2 fois plus élevée. Si la question du coût pour la société est primordiale, cette situation de « surconsommation » expose les patients eux-mêmes à un certain nombre de risques : iatrogénie, pharmacodépendance, émergence de bactéries résistantes, pollution de l’environnement (dont les conséquences sur la santé restent encore mal connues)… Durant l’année 2012, 14.000 tonnes de médicaments ont été incinérés via l’association Cyclamed ; la quantité de médicaments non utilisés chaque année est estimée à 23.300 tonnes, ce qui témoigne d’un gaspillage non négligeable.




Cette note d’analyse s’appuie sur les expériences étrangères pour proposer des évolutions et ainsi favoriser « un recours pertinent au médicament ». En résumé, ces évolutions concernent 3 types d’acteurs :
  1. Les pharmaciens : un repositionnement plus clair en tant que professionnel de santé, mieux impliqué dans l’information éclairé du patient et la préparation des doses à administrer chez les patients les plus fragiles, passerait nécessairement par de nouveaux modes de rémunération (forfait d’éducation thérapeutique par exemple). Le recours à des piluliers électroniques, la dispensation des médicaments à l’unité et le développement de « groupes de pairs pluriprofessionnels », incluant les pharmaciens, sont des pistes intéressantes.
  2. Les médecins prescripteurs : aujourd’hui confrontés à 2.800 substances actives et incités par la visite médicale de l’industrie pharmaceutique à prescrire les médicaments les plus récents (donc les plus chers), les médecins prescripteurs pourraient tirer bénéfice d’une liste officielle des « médicaments essentiels » et d’un développement professionnel continu réellement indépendant. Autre point crucial : 90% des consultations donneraient lieu à une prescription (contre 43% aux Pays-Bas et 72% en Allemagne) ; si l’ordonnance joue en France un rôle symbolique très fort (reconnaissance de l’état du patient, contrepartie au paiement et manière de clore la consultation), la prescription des règles hygiéno-diététiques et des approches non médicamenteuses mérite d’être développée.
  3. Les usagers du système de santé : fortement influencés par des représentations collectives, les comportements individuels méritent d’être accompagnés par une information de qualité. Organisme public d’information, messages simples (le médicament est une solution parmi d’autres), supports adaptés, entrée par symptôme : telles sont les orientations préconisées par ce document.
 Autre problématique : la complexité et l’opacité de la régulation des prix des médicaments ; mais il s’agit là d’une autre histoire, traitée dans un 2e volet

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